Le marché des capitaux a récemment connu une hausse rapide des taux d'intérêt. Dans un monde où les taux d'intérêt plus élevés deviennent une réalité sur une période prolongée, les acteurs du marché sont confrontés à une nouvelle réalité en matière d'investissement ayant des implications à plusieurs niveaux. Différentes classes d'actifs se disputent les faveurs des investisseurs, mettant de plus en plus en exergue la citation de Voltaire "le mieux est l'ennemi du bien".
Dans cette réalité changeante de l'investissement, les alternatives à taux fixe connaissent une popularité croissante par rapport aux placements actions. Les marchés monétaires et obligataires offrent des taux d'intérêt nominaux auxquels les épargnants ont aspiré ces dernières années. Toutefois, les rendements réels, c'est-à-dire les opportunités de rendement corrigées de l'inflation, sont souvent perdus de vue. Même avec les rendements obligataires actuels, une analyse corrigée de l'inflation conduit à une perte réelle de pouvoir d'achat. Si l'on compare les rendements obligataires et les rendements des dividendes, la grande disparité qui existait depuis des années s'est nettement réduite en faveur des obligations. Cette première « peine » doit toutefois être considérée de manière critique. D'une part, il convient de prendre en compte l'inflation. Dans ce cas, les entreprises ont la possibilité d'augmenter leurs dividendes. D'autre part, la combinaison des versements et du potentiel de hausse leur confère leur avantage fondamental sur les obligations.
La double peine est due à la hausse des taux d'intérêt. Les coûts de refinancement des entreprises ont augmenté de manière significative. Il y a quelques années encore, les entreprises pouvaient se refinancer à des prix avantageux, mais les coûts ont parfois presque triplé en fonction du niveau de risque et de la durée. L'augmentation des coûts de refinancement aura des implications importantes pour l'allocation du capital. En effet, les entreprises doivent consacrer une part plus importante de leurs excédents de trésorerie au paiement des intérêts, ce qui réduit d'autant la part consacrée aux investissements, aux versements de dividendes et aux rachats d'actions. Les entreprises ayant des ratios d'endettement ou des coûts de refinancement élevés devraient donc remettre en question leur politique de dividendes et la durabilité de ceux-ci. Cela souligne une fois de plus la nécessité d'une analyse fondamentale de la capacité à verser des dividendes, y compris lors de la sélection des titres pour les stratégies de dividendes, car la résilience des marges, la capacité et la rapidité d'adaptation ainsi que la solidité du bilan sont autant de facteurs décisifs dans le choix des entreprises, surtout en période d'incertitude économique croissante.
La transition de taux d'intérêt nuls à un niveau plus élevé est également problématique du point de vue du risque. La corrélation négative entre les obligations et les actions, telle qu'observée historiquement et reprise dans les manuels scolaires, n'est pas d'actualité. Depuis le revirement des taux d'intérêt en particulier, la corrélation est positive, ce qui signifie que les obligations ne représentent pas un moyen efficace de parvenir à un degré élevé de diversification des risques. Après une hausse des obligations ces 30 dernières années, le premier marché baissier sur plusieurs années se profile à l’horizon. Les acteurs du marché devraient donc se montrer prudents face aux rendements élevés des obligations à long terme.
Les conditions défavorables qui règnent actuellement sur le marché financier, avec une tendance à la hausse des taux d'intérêt sur le long terme, constituent un vent contraire potentiel pour les stratégies axées sur les dividendes. Néanmoins, les investisseurs ne devraient pas retomber dans leurs vieilles habitudes et oublier les avantages à moyen et long terme des actions. Les actions se sont révélées être une excellente protection du patrimoine par le passé et devraient continuer à l'être à l'avenir. Face aux obligations nominales, les titres à taux d'intérêt corrigés de l'inflation ne constituent pas une véritable alternative. En revanche, les titres à dividendes offrent aux investisseurs non seulement un potentiel de hausse mais aussi la possibilité de percevoir des dividendes. Lors de la sélection des titres à dividendes, le montant absolu des dividendes et leur versement ne sont pas les seuls critères importants, il faut également tenir compte de la capacité de distribution à long terme, compte tenu des charges d'intérêts élevées et des défis conjoncturels. En outre, de nombreux payeurs de dividendes traditionnels sont actifs dans des secteurs défensifs et construisent leur capacité à verser des dividendes sur des bases solides en période de turbulences.
Editorial par Thomas Meier
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