L’essentiel en bref :
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En 2024, la croissance mondiale sera placée sous le signe de la modération.
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L’inflation américaine résiste bien, tandis que la zone euro affiche des statistiques conjoncturelles décevantes.
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Les banques centrales occidentales en terminent avec le cycle de resserrement monétaire.
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La croissance chinoise continue de souffrir de la crise immobilière, mais les incitations monétaires et budgétaires commencent à porter leurs fruits.
Monde
L’économie mondiale est en fin de cycle conjoncturel. L’activité économique ralentit à l’échelle planétaire, sous l’effet de la politique monétaire restrictive, mais aussi de la décélération de l’inflation, qui reste malgré tout trop élevée. Les indices des directeurs d’achat laissent augurer une croissance faible et une activité en stagnation. Alors que le secteur manufacturier amorce déjà une inversion de tendance, le rythme d’expansion du secteur des services continue de ralentir.
Les divergences régionales s’accentuent. À l’orée de 2024, l’économie américaine amorce un atterrissage en douceur, tandis que la zone euro est en difficulté, plombée par une croissance atone.
En Chine, les perspectives conjoncturelles s’améliorent sous l’effet du soutien massif enclenché par Pékin, mais le secteur immobilier continue de peser sur la croissance. Les tensions géopolitiques et les restrictions aux échanges pénalisent non seulement le commerce international, mais, combinées au puissant soutien budgétaire, au dynamisme de l’emploi et à la vigueur de la demande, remettent également en question le processus de désinflation à moyen terme. Toutefois, les banques centrales des économies avancées ont très vraisemblablement achevé leur cycle de resserrement monétaire. Mais dans la mesure où les taux réels restent négatifs ou sont tout juste revenus en territoire positif, tout laisse à penser que le taux d’intérêt neutre se situera à un niveau plus élevé qu’avant la pandémie. Pour éviter de raviver les tensions inflationnistes, les taux directeurs devront sans doute être durablement maintenus à un niveau élevé. Les attentes actuelles concernant une baisse prochaine des taux d’intérêt pourraient donc s’avérer prématurées.
États-Unis
Après avoir enregistré une croissance insoutenable de presque 5 % en rythme annualisé au troisième trimestre, l’économie américaine perd de la vitesse au quatrième trimestre avec une croissance attendue du PIB de 2 %. Nous n’attendons toujours pas de récession à court terme. Premièrement, l’année électorale à venir promet le maintien d’une politique budgétaire expansionniste malgré le déficit record. Deuxièmement, la consommation, qui reste le pilier de la croissance économique américaine, est encourageante à cet égard. Tant les enquêtes sur la confiance des consommateurs que les ventes au détail ne montrent aucun signe de récession. Sur le front de l’emploi, le taux de chômage augmente (3,9 %), tandis que les demandes hebdomadaires d’allocations chômage diminuent progressivement. Malgré ces premiers signes de ralentissement, les postes à pourvoir restent nombreux, tandis que le nombre total de licenciements est toujours très éloigné d'un niveau de récession. Les prix ont continué de baisser en octobre, mais les anticipations d’inflation restent élevées. La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait donc rester en pause quelques mois, le temps de peser soigneusement les risques entre inflation durablement élevée et resserrement monétaire excessif avant de prendre une quelconque décision. Compte tenu de l’élection présidentielle à venir, il ne devrait pas se passer grand-chose du côté de la Fed (sauf si une récession devait survenir).
Zone euro
D’après les enquêtes et les statistiques conjoncturelles, la croissance dans la zone euro restera faible au quatrième trimestre. Alors que les indicateurs avancés PMI se sont maintenus en zone de contraction pour le sixième mois d’affilée, les données conjoncturelles laissent davantage augurer une stagnation qu’un effondrement de la conjoncture. Le marché du travail semble solide, mais la croissance de l’emploi marque sensiblement le pas. Face à la baisse des créations d’emploi, le taux de chômage a augmenté (6,5 % actuellement). Bien que le secteur manufacturier commence à montrer des signes d’amélioration et que la confiance des consommateurs se soit stabilisée à un très bas niveau, les ventes de détail continuent de baisser. Dans cet environnement de croissance peu porteur et en l’absence de tendance claire des données, les autorités monétaires européennes seront indubitablement mises à l’épreuve dans les mois à venir. Alors qu’un abaissement trop hâtif des taux d’intérêt serait contreproductif dans un contexte marqué par une inflation tenace et un flot continu d’incitations budgétaires, le maintien prolongé d’une politique restrictive pourrait donner un coup de frein encore plus brutal. Nous estimons que la BCE a définitivement tourné la page du resserrement monétaire maintenant que l’inflation globale et l’inflation sous-jacente sont respectivement redescendues à 2,4 % et 3,6 %. Nous doutons toutefois qu’elle ait suffisamment de patience et de détermination pour maintenir le cap restrictif qui serait nécessaire pour faire contrepoids aux fortes hausses de salaires et aux incitations budgétaires. Selon nous, la BCE ne se hasardera pas à mettre en péril la croissance et abaissera donc ses taux d’intérêt avant la Fed.
Chine
Au quatrième trimestre, la reprise économique se poursuit à un rythme modéré. Les incitations monétaires et budgétaires ciblées mises en place par les autorités pour faire contrepoids aux difficultés du secteur immobilier déploient doucement leurs effets, avec une amélioration progressive des perspectives conjoncturelles. La croissance portée par la consommation (les ventes au détail ont dépassé toutes les attentes avec un bond de +7,6 % sur un an) commence à avoir des retombées positives sur la production industrielle. Cependant, les difficultés du secteur immobilier continuent de peser lourdement sur les investissements, en recul de 11,3 % en rythme annuel. Les enquêtes sur l’activité économique future de novembre ont une nouvelle fois versé dans la morosité, avec une stagnation attendue dans les trimestres à venir. Le risque de déflation reste bien réel dans l’empire du Milieu. Le manque de dynamisme de la reprise implique le maintien d’une politique expansionniste si les autorités veulent atteindre une croissance endogène. Contrairement aux crises précédentes, la Chine n’est cette fois-ci absolument pas en mesure de jouer le rôle de locomotive de la prochaine phase de reprise mondiale.
Auteur : Michael Blümke, CFA, CAIA, Senior Portfolio Manager
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