Reposant sur des données et informations publiques et officielles, cet édito est une analyse / interprétation subjective et décalée de l’information économique et financière. Il ne saurait en aucun cas représenter un conseil financier ou d’investissement.
Édito
Désabusés par une inflation potentiellement résiliente et des banques centrales récalcitrantes, les investisseurs n'ont finalement pas tardé à se trouver une nouvelle planche de salut. Depuis le début de l'année maintenant, ils n'ont d'intérêt que pour l'horizon sans fin de l'intelligence artificielle (IA) et, par filiation, pour la tech US. Véritable exhausteur de valeur, le sujet à lui seul permet aujourd'hui aux indices américains de prendre des allures de montgolfières. Dans ce contexte, rien de surprenant à les voir, la semaine passée, guetter les résultats trimestriels de Nvidia avec autant de nervosité qu'un PCE core ou un board monétaire de la Fed. Et, au regard des étincelles financières délivrées par la firme de Santa Clara, difficile de les blâmer. Sur le quatrième trimestre, le fabricant de puces électroniques a vu son activité multipliée par trois (22,1 milliards de dollars) et, sur un an, son bénéfice par neuf (12,3 milliards).
Tel un vendeur de pioches pendant la ruée vers l'or, porté par l'intarissable demande pour ses puces, le Mr.Bricolage de l'IA est devenu un malabar boursier stéroïdé. Sa valorisation a enflé de 277 milliards de dollars sur la seule journée de jeudi - un record historique ! Le lendemain, la capitalisation du quincaillier 2.0 a brièvement touché les 2.000 milliards de dollars (voir graphique)… Une frénésie qui interroge sur la spéculation entourant un domaine qui reste aussi abscons qu'onéreux. À 40 000 dollars, la puce H100 de Nvidia est loin d'être donnée à tout le monde. Si les géants de la tech s'en soucient comme de leur premier microprocesseur, pour les autres, c'est une autre affaire. Outre-Atlantique, le coût de l'IA - qui n'offre pas vraiment d’économies d’échelle - devient un frein à l’essor des start-ups et à leur financement. Alors que les Cassandre alertent sur la possibilité d'une bulle, la nature de l’emballement actuel devrait, au moins, soulever des questions. En guise d’un monde artificiel, les investisseurs seraient-ils en train d’acheter un château en Espagne ? Le risque que cet engouement se grippe tôt ou tard est, en tout cas, à prendre en compte. Tout comme celui, potentiel, d'une réaction en chaîne sur les marchés.
Le graph. de la semaine :
Nvidia, désormais 3ème plus grande capitalisation des grands de la Tech aux Etats-Unis
Pour accéder au site, cliquez ICI.