Sonal Desai, CIO de l’équipe Franklin Templeton Fixed Income explique pourquoi le chiffre de l’inflation de janvier confirme que la « dernière ligne droite » de la désinflation pourrait être bien plus difficile à parcourir que ce qu’attendent les marchés. Et selon elle, les investisseurs devraient se préparer à plus de volatilité et à un éventuel retour des rendements des bons du Trésor à 10 ans dans une fourchette de 4,25 à 4,50%.
Le chiffre de l’inflation américaine de janvier a joué les trouble-fêtes pour les marchés financiers et a donné ce qui semble être le coup final porté aux espoirs d’une réduction des taux d’intérêt en mars. Les rendements obligataires ont repris de l’altitude et les actions ont essuyé une sévère correction d’une journée.
Mais, tout d’abord, remettons tout ceci en perspective. L’inflation globale en glissement annuel a encore reculé, de 3,4 % en décembre à 3,1 %, mais reste supérieure aux 2,9 % attendus. Quant à la correction du marché actions, même s’il s’agit d’une évolution journalière importante, elle ne remet pas en question la tendance à la hausse entamée en octobre.
Ceci étant dit, les chiffres de l’inflation de janvier étayent en grande partie mon opinion de longue date que la « dernière ligne droite » de la désinflation sera bien plus difficile à parcourir que ce que pensent les marchés. La Réserve fédérale (Fed) devra prendre son temps pour relâcher sa politique et dans le nouvel environnement qui s’annonce, les taux d’intérêt seront bien plus élevés qu’avant la période de hausse de l’inflation.
Commençons par l’inflation « supercore » (hors alimentation, énergie et logement). La Fed a indiqué qu’elle est la mesure probablement la plus représentative des tendances de l’inflation sous-jacente et la plus sensible aux pressions salariales. Elle était en hausse de 0,9 % en glissement mensuel, soit trois mois d’accélération continue et le rythme de hausse le plus soutenu depuis avril 2022. L’accélération a été le fait des services médicaux, des loisirs, de l’éducation, de la communication, de l’hôtellerie, des billets d’avion et d’autres transports interurbains, soit une longue liste. En glissement annuel, l’évolution de l’indice « supercore » est bien supérieure à 4 %. Encore plus inquiétant, sur une base de six mois annualisée, l’inflation « supercore » est désormais de 5,5 %, niveau inédit depuis fin 2022 (voir le tableau à la page suivante).
Tableau des prix à la consommation
Au 14 février 2024
Sources : Franklin Fixed Income Research, BLS Macrobond.
En ce qui concerne le logement, il était vu comme une source fiable de future désinflation. L’idée étant que les baux de location moins chers passent dans l’inflation avec un certain retard. Sur ce point, nous pourrions encore être déçus. Le loyer des logements occupés par le propriétaire a augmenté en janvier. Par ailleurs, mon collègue Nikhil Mohan, économiste et Research Analyst Franklin Templeton Fixed Income, a souligné que depuis début 2021, les loyers mesurés selon les dépenses de consommation personnelle (PCE) ont fortement divergé des loyers observés de Zillow (voir graphique). Au cours des derniers mois, la hausse des loyers mesurée par Zillow a ralenti, alors que la composante loyer selon les PCE continue à augmenter et à graduellement combler la différence. Comme nous pouvons le voir sur le graphique, les loyers selon les PCE ont encore du chemin à parcourir pour rattraper les loyers observés par Zillow. S’il s’agit effectivement d’un rattrapage, il reste encore une bonne dose de pression inflationniste dans la composante loyer de l’inflation et par conséquent le logement pourrait ne pas contribuer autant que généralement attendu à la désinflation.
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