Western Asset : Une nouvelle guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine sous une éventuelle seconde présidence Trump pourrait perturber la croissance mondiale, les marchés financiers et les chaînes d'approvisionnement en raison de l'application de taxes douanières très élevées à l'encontre de la Chine et d'autres partenaires commerciaux.
La course à la présidence américaine n'en est qu'à ses débuts, mais les rumeurs d'une nouvelle guerre commerciale mondiale s'intensifient. Donald Trump, le candidat républicain pressenti, ne cesse de répéter qu'il a l'intention de prendre des mesures commerciales agressives en cas de victoire en novembre 2024. On ne sait pas encore s'il s'agit d'une simple fanfaronnade de campagne ou d'une position politique ferme. Mais la possibilité d'un nouveau conflit commercial intense entre les États-Unis et la Chine commence à déstabiliser certains investisseurs mondiaux, et il est facile d'en comprendre les raisons.
À son apogée en 2018-2019, la guerre commerciale opposant les États-Unis à la Chine a eu un impact considérable sur le produit intérieur brut (PIB) trimestriel de la Chine, le contractant de près de 0,8 % (Illustration 1). Bien que l'effet commercial net ait favorisé les États-Unis par rapport à la Chine, le conflit a déstabilisé les marchés financiers des deux pays et a alimenté l'incertitude politique, ce qui a freiné les revenus et les dépenses des entreprises.1 Une nouvelle guerre commerciale à ce stade du cycle macroéconomique mondial, notamment si elle affecte de manière significative les perspectives de croissance de la Chine, pourrait raviver les craintes d'une récession mondiale et, par conséquent, susciter des inquiétudes quant aux conséquences inflationnistes potentielles d'une hausse des droits de douane.
Illustration 1 : Que se passera-t-il en cas de nouvelle guerre commerciale avec la Chine ?
Quelle politique commerciale Donald Trump envisage-t-il pour son second mandat et quelle inquiétude suscite-t-elle ?
Selon un article paru récemment dans le Washington Post2, Donald Trump et ses conseillers envisagent une stratégie tarifaire à trois volets qui pourrait inclure les éléments suivants :
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La mise en place d'un nouveau « prix d'entrée » aux États-Unis, qui implique la mise en œuvre d'une taxe de base universelle de 10 % sur la quasi-totalité des produits importés. Selon les estimations, une telle mesure multiplierait par neuf la quantité de biens soumis à des droits de douane par rapport au premier mandat de Trump.3
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Le renforcement des mesures punitives à l'encontre de la Chine impliquant la révocation du statut de nation la plus favorisée (ou des relations commerciales normales permanentes [PNTR] en droit américain), le lancement d'un plan quadriennal visant à supprimer progressivement toutes les importations chinoises de biens essentiels (électronique, acier et produits pharmaceutiques) et, étonnamment, l'imposition de droits de douane pouvant atteindre 60 % sur toutes les importations en provenance de Chine4.
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La mise en œuvre de droits de douane « réciproques » implique l'application de droits de douane ou d'une taxe spéciale sur la valeur ajoutée correspondant aux droits de douane imposés par d'autres pays sur les exportations en provenance des États-Unis.
Toutes ces propositions pourraient entraîner l'adoption de contre-mesures rapides et proportionnées, en particulier de la part de la Chine, ce qui perturberait fortement l'économie mondiale et pourrait avoir un impact supérieur à celui de la guerre commerciale menée durant le premier mandat de Donald Trump.5
Illustration 2 : Le Mexique, principal bénéficiaire du nearshoring
Comment les marchés financiers ont-ils réagi à la guerre commerciale en 2019 et quelles seraient les implications potentielles pour les marchés en cas de récidive ?
En 2018, les marchés financiers mondiaux ont été pris de court par la décision de l'administration Trump de déclencher une guerre commerciale contre la Chine et de multiples alliés des États-Unis. L'impact sur le marché des actions américaines a été sévère, avec une perte de 1 700 milliards de dollars en valeur de marché au plus fort des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine à la mi-2019.6 Au cours de cette période, les rendements des obligations d'État des marchés développés (MD) ont chuté brutalement, les investisseurs commençant à envisager la possibilité de baisses de taux plus agressives de la part des principales banques centrales pour contrer les risques pesant sur la croissance mondiale. Par exemple, les rendements des Bunds allemands et des Gilts britanniques à 10 ans ont chuté de respectivement 49 et 54 points de base (pb), suivant l'exemple des bons du Trésor américain (UST), qui ont perdu 87 pb au cours de l'année 2019. En outre, les craintes d'une guerre monétaire mondiale sont apparues lorsque le yuan chinois s'est déprécié au-delà de la barre psychologiquement critique des 7 dollars, un niveau jamais atteint depuis la crise financière mondiale de 2008, ce qui a précipité la chute des marchés boursiers et monétaires des économies émergentes.7
Les valorisations actuelles du marché intègrent peut-être déjà la possibilité que Trump ne soit pas réélu et que ses politiques commerciales conflictuelles ne soient pas mises en œuvre. Toutefois, le sentiment du marché peut rapidement évoluer au cours de la période précédant l'élection si la probabilité d'une victoire de Trump augmente sensiblement ou si la rhétorique de Trump incite la Chine ou l'Union européenne à réagir avec agressivité. Une révision soudaine à la baisse des prévisions de croissance mondiale entraînerait probablement une chute des cours des actions et une baisse des rendements des obligations américaines, une pression accrue sur les marchés émergents et les autres secteurs à spreads, une baisse des prix du pétrole et un renforcement du dollar américain par rapport au yuan chinois.
Pour l'heure, nous nous abstenons de tirer des conclusions définitives quant à l'issue de l'élection présidentielle américaine. Cependant, plusieurs éléments laissent penser que les marchés pourraient ne pas connaître le même degré de volatilité que celui observé en 2018-2019. Tout d'abord, la politique commerciale de Donald Trump est désormais clairement établie et n'a donc pas l'effet de surprise qui a caractérisé ses précédentes annonces informelles sur les réseaux sociaux. En outre, après avoir vécu l'expérience d'une présidence Trump, les gouvernements et les entreprises du monde entier ont mis en œuvre des plans d'urgence pour gérer les perturbations du commerce mondial et de la chaîne d'approvisionnement grâce à des stratégies de nearshoring.8
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