Entretiens avec Xavier Hovasse, gérant de Carmignac Emergents (FR0010149302), Michel Audeban directeur général de Gemway (GemEquity - FR0011268705) et Carlos Hardenberg vice-président chez Templeton Emerging Markets Group (Templeton Emerging Markets Fund - LU0626262082)
Quels marchés émergents privilégiez-vous ?
Xavier Hovasse : nous privilégions les pays asiatiques qui, dans l’ensemble, continuent de jouir d’excédents extérieurs compte tenu de leur profil d’exportateur manufacturier. Si l’amélioration conjoncturelle venait à se confirmer, l’Asie en bénéficierait particulièrement. (1)
Michel Audeban : la Chine où le thème de la consommation est en croissance autour de 8 à 10% en nominal par an. (2) En Inde, les réformes se mettent en place. L’Inde montre les plus belles perspectives de croissance à moyen terme des grands pays mais le marché est assez cher. L’Argentine est un pays en forte amélioration depuis l'arrivée de Mauricio Macri au pouvoir. (3)
Carlos Hardenberg : la Chine présente une croissance stable en 2017 et son grand volume de dette reste pour la majeure partie domestique. Le Brésil a montré des signes solides de sortie de récession. Un large mouvement de réformes structurelles et anticorruptions est entamé (4). Néanmoins, nous continuons de voir 2017 comme une année de transition. La situation macroéconomique de l’Inde reste favorable. La Russie, malgré une situation macroéconomique difficile, devrait connaitre la reprise sur l’année 2017-2018. (5)
A l'inverse, évitez-vous certaines régions ?
XH : prudence sur la zone EMEA dont les fondamentaux restent fragiles. Si les déséquilibres extérieurs de la Turquie et de l’Afrique du Sud continuent de décroître, le risque politique demeure de taille.
MA : vigilance sur le Mexique où la situation est encore confuse (la zone est victime du manque de prévisibilité de Donald Trump). Au Moyen-Orient, il y a peu de sociétés intéressantes hors les banques ou les pétrolières.
CH : les préoccupations économiques et géopolitiques restent importantes dans de nombreux pays émergents mais nous nous intéressons toujours à des sociétés que nous identifions comme des bonnes opportunités sur le long terme.
Quels secteurs privilégiez-vous ?
XH : en Inde, les secteurs automobile et financier. En Chine, les valeurs internet, cœur de la « nouvelle économie », tout comme celles du domaine des assurances. En Argentine, le secteur bancaire offre de nombreuses opportunités puisque le pays ne compte presque pas de dépôts bancaires et de crédits. (6)
MA : nous privilégions les secteurs du e commerce, de l’assurance-vie, de la santé, de la consommation non-courante et de la technologie.
CH : les technologies de l’information ainsi que l’exposition à des sous-secteurs comme Internet, les semi-conducteurs, le matériel informatique tirent la performance vers le haut depuis 2015.
EF/FL
Voir aussi
(1)L'Inde semble s’être rapidement relevée de l’atrophie fiduciaire infligée il y a quelques mois par le gouvernement en place. L’ensemble des indicateurs économiques du pays demeurent sain.
Quant à la Chine, les indicateurs économiques se sont stabilisés, grâce au stimulus du gouvernement chinois. Toutefois, la stabilisation chinoise s’est accompagnée d’une augmentation du risque financier à moyen terme, conséquence d’une forte expansion du crédit. Cette prise de risque pourrait devenir problématique sur le long terme car la Chine sera dans l’obligation de remédier à ce fort endettement.
Malgré tout, la Chine continue d’offrir de nombreuses opportunités d’investissement structurelles, notamment dans la « nouvelle économie »
(2)Comme le consommateur américain ces 30 dernières années, le consommateur chinois va bientôt peser au niveau mondial.
(3)Cela étant, une éventuelle élection de Cristina Kirchner remettrait en cause ce choix.
(4)D’autres chiffres macroéconomiques comme la faible inflation, l’amélioration de la balance commerciale ou un mouvement baissier des taux d’intérêts sont très positifs pour le Brésil
(5)Le prix des matières premières plus élevé et l’appréciation du rouble devraient contribuer à la croissance.
(6)Selon nous, la meilleure façon d’obtenir de bonnes performances au sein du monde émergent, indépendamment des mouvements de marché, est d’identifier les secteurs les plus attractifs et les sociétés les plus prometteuses