Les querelles de langage entre les Etats-Unis et la Corée du Nord ne sont pas à prendre à la légère mais il est encore plus difficile d'anticiper les événements et décisions politiques que le niveau des indices actions à la fin d'année. A y regarder de plus près, les années de guerre froide (1947-1989), la vraie ou plutôt la première, ont été des périodes bénies pour l'économie mondiale et les marchés actions. Bien sûr, les économies ont connu des soubresauts et des crises mais l'investisseur s'est tout à fait accommodé de la présence d'un bloc soviétique récalcitrant et menaçant tout comme il s'est bien habitué au fonctionnement baroque de la République Populaire de Chine. Les marchés corrigent donc en prenant ces menaces comme principales raisons. Mais les opérations financières vont toujours bon train : offre de Vantiv sur Worldpay dans les solutions de paiement, offre d'Atlantia sur Abertis dans les infrastructures, rapprochement envisagé entre Sprint et Charters Communication dans les médias et télécoms.
L'été est un peu agité comme souvent ces dernières années et les investisseurs doivent aussi se faire à un nouvel environnement assez inattendu : la grande faiblesse du dollar face à l'euro (1,18). Donald Trump n'a pas pour l'instant changé la trajectoire de l'économie américaine mais étrangement ses échecs répétés débouchent sur un desserrement des conditions monétaires pour les grandes entreprises américaines : ainsi le dollar plus faible favorise les sociétés exportatrices et améliore les comptes de résultats par l'effet de conversion des profits réalisés en zone euro notamment.
Enfin, les taux d'intérêt à 10 ans s'avèrent toujours très faibles (2,2%) laissant ainsi le coût réel de financement long terme des agents économiques américains à un niveau historiquement bas. Derrière la logorrhée des prédicateurs politiques, il y a pour l'instant la réalité de l'économie et des marchés. Tâchons de nous y tenir pour les prochaines semaines.
Igor de Mack est gérant et porte parole de la gestion chez DNCA.