Et si nous étions entrés dans un cycle long de croissance molle ? C’est la question qu’aborde le chef économiste à la banque Degroof Petercam, Bruno Colmant, dans une chronique intitulée La fin de l’économie « rythmée ».
Il revient sur la théorie keynésienne qui incite les Etats à s‘endetter en période de récession pour procéder à de grands investissements de nature à relancer l’activité économique, Etats qui ont vocation à revenir à une plus grande orthodoxie budgétaire lorsque la croissance sera revenue.
Bref, l’économie évoluerait dans un cycle où alternent hausses et baisses, un « rythme » que les Etats lisseraient.
Mais, prévient Bruno Colmant, « le vieillissement de la population et la baisse de la croissance des gains de productivité nous entraîne peut-être dans une économie atone et caractérisée par un trop faible taux de croissance pour envisager d’amples variations conjoncturelles. »
Alors sommes-nous sortis de ce fameux paradigme, alors que les politiques de tous bords continuent à tabler sur une reprise substantielle de la croissance économique ?
C’est une des thèses que développe Thomas Piketty dans son « Capitalisme du XXIème siècle ».
Son propos est simple, bien que abondamment illustré et étayé de chiffres et statistiques : la croissance que les économies développées ont connus au cours des 2 derniers siècles nous conduit à penser qu’un rythme annuel de 2, 3, 4, 5 voire 6% est pour ainsi dire « naturel ».
Mais c’est oublier, explique l’économiste, que pendant de nombreux siècles la croissance n’a été que de l’ordre de 0,1% par an, soutenue par la seule croissance démographique.
Nous n’en sommes pas là, en tout cas dans tous les pays. Néanmoins certaines économies sont sans doute entrées dans un cycle long de faible croissance. « C’est pour cette raison explique Bruno Colmant, que l’Allemagne a toujours écarté le keynésianisme. Ce pays fait face à un gigantesque déficit démographique. […] Même en période de récession, l’Allemagne exige donc un équilibre budgétaire. »
FL/EF