Nous avons rencontré Armelle GADAN, Gérante d'ARMAVY PATRIMOINE.
1) Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
Après un parcours de droit à la faculté d’Aix en Provence, puis un 3ème cycle en finance, j’ai exercé des fonctions de conseil en cabinet puis entreprise. Je suis allée vivre un an à New-York et à mon retour en 2006, j’ai créé ma propre société.
Je pense que la profession libérale ou la création de structure indépendante participe pour beaucoup à l’avenir professionnel des femmes.
J’ai exercé les fonctions de gérante à Paris, puis suis allée vivre dans différentes villes et pays tout en conservant un rythme de 2 jours par semaine à Paris.
2) Votre cabinet aujourd’hui ?
Le cabinet a son siège à Paris mais la gestion et le back office ont été déplacés sur Lyon. J’ai souhaité passer d’une structure conçue comme « profession libérale » à une organisation et une dynamique d’entreprise. Mon cabinet se rapproche aujourd’hui d’une autre structure afin de partager des compétences et des moyens. Il s’agit de conserver un savoir-faire artisanal et personnalisé de façon plus structurée.
3) Quelles sont les conséquences, à votre avis, d’une réglementation de plus en plus forte ? Et que pensez-vous de la disparition du 3ème usage du courtage ?
L’augmentation des contraintes administratives sur le métier nous oblige forcément à standardiser des process, à adopter une organisation comportant plus de digital et d’automatisation.
Tout comme les autres activités créatrices de valeur, la croissance engendre un peu plus de lourdeur administrative, mais aussi plus de sécurité pour les clients.
La contrainte réglementaire, si elle contribue à légitimer notre profession, atteint aujourd’hui ses limites et devient contre-productive.
En effet, dans le but de protéger les clients de pratiques malveillantes, la réglementation, au final, noie le client dans trop d’informations. Par ailleurs, elle devient onéreuse et nous oblige progressivement à restreindre les conditions d’accès à nos services.
J’aimerais pouvoir remettre un document clair, simple et lisible, et ne pas devoir écarter des clients dont le patrimoine n’est pas encore suffisamment établi pour des raisons de coût de traitement.
Le 3ème usage du courtage prévoit le droit à rémunération du courtier d’origine alors même qu’il n’a plus de relation avec le client.
Cet usage est archaïque, mais il ne pose débat que pour autant que le courtier d’origine soit remplacé par un courtier « repreneur » de la relation. Contrairement à ce que j’ai pu voir sur les réseaux ou dans les associations professionnelles, je suis plutôt favorable à la disparition de cet usage pour autant qu’une indemnité soit, dans certains cas, attribuée au courtier d’origine. En effet, certains conseillers ne facturent pas ou peu le bilan patrimonial initial, une forme de remise sur les honoraires initiaux peut avoir lieu lors de la souscription de contrats. Il serait alors illogique que la rémunération du travail effectué ne puisse être attribuée sur le contrat.
Pour favoriser la liberté de choix du client, je suis favorable à la disparition de cet usage. La véritable question est en fait pour moi de fixer une règle donnant le montant de l’indemnisation minimale à verser au courtier d’origine pour que le contrat puisse être transféré.
En ce sens, une grande partie du débat est théorique. Sauf accord entre les parties, beaucoup d’assureurs ont en effet modifié leur convention pour imposer aux courtiers récalcitrants le transfert des contrats moyennant une indemnisation prélevée sur la rémunération à venir du nouveau courtier.
4) Quels sont vos partenaires privilégiés ?
Nous travaillons avec plusieurs assureurs ou plateforme dont Axa Thema, Generali Patrimoine, Nortia, et bien d’autres.
Nous avons mis en place un process de revue et de sélection pour chaque type d’investissement proposé. Ainsi, nous sélectionnons et revoyons régulièrement ( au moins une fois par an) la liste des fonds utilisés par le cabinet, la liste des asset manager est longue !
De même, nous sélectionnons chaque année les SCPI proposées aux clients, et référençons alors les sociétés de gestion (Advenis et Perial par exemple).
5) Quelle est votre politique en matière d’investissement socialement responsable ?
Elle est multiple. Coté cabinet, je m’emploie à favoriser les méthodes dites « responsables » en matière d’écologie. Moins de papier, moins de déplacement pour l’empreinte carbone et d’une manière générale une mise en avant du digital.
Côté clients, pour répondre à une demande croissante, je travaille à une sélection d’actifs répondant aux critères ISR avec des outils adaptés. Nous testons en ce sens l’outil Cristalys qui nous donne satisfaction.
6) Comment gérez-vous la crise actuelle et quelles en seront les conséquences selon vous ?
Les collaborateurs sont aujourd’hui en télé-travail pour répondre aux exigences légales. Bien évidemment, les associés continuent à se déplacer pour rencontrer les clients le désirant.
Je pense que cette crise sanitaire aura des conséquences durables. Les habitudes des gens ont changé, et l’économie devra s’y adapter, cette crise donne lieu à une rotation sectorielle.
Les conséquences économiques en France sont retardées par les aides accordées par l’Etat, mais les difficultés sont devant elles pour les entreprises. La reprise sera une période critique.
Je reste donc assez prudente sur les marchés financiers tout en essayant de ne pas couper les investissements trop tôt afin de profiter des rendements actuels. Le système de stop loss ou d’alerte me paraît aujourd’hui opportun sur certaines allocations.
Pour les aspects personnels, je citerai Benjamin Franklin, un des pères Fondateurs des Etats-Unis en reprenant qu’un peuple prêt à sacrifier sa liberté pour un peu de sécurité, ne mérite ni l’un ni l’autre.
7) Quels sont vos projets professionnels à horizon fin 2021 ?
Les projets pour 2021 vont dans le sens évoqué sur l’évolution des cabinets pour faire face aux aspects réglementaires. Nous projetons donc de reprendre un cabinet nous permettant de disposer d’une structure plus efficace, de nous « digitaliser » et de relever des challenges toujours plus motivants et nombreux !
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