Le mot n’est plus tabou. Au forum économique de Davos, qui se tient cette année exceptionnellement en mai à cause de la vague Omicron de janvier dernier, la grande majorité des économistes rejette l’hypothèse d’une récession imminente, sans l’écarter d’ici fin 2023. Les sujets de discussion se sont portés sur les trois « R » en Anglais : Récession, Russie et Rates (taux), sans oublier la décarbonisation de l’économie, qui devient un défi majeur à relever au cours de cette décennie.
Quels que soient les débats des grands de ce monde, les derniers chiffres économiques ont été franchement décevants et militent actuellement pour un sérieux ralentissement à court-terme, surtout aux États-Unis : les indicateurs PMI de mai, les commandes de biens durables, les ventes de logements neufs et anciens ont été en baisse en avril et nettement inférieurs aux attentes. Parmi certaines données locales, l’indice manufacturier de la FED de Richemont est ressorti négatif à -9 en mai, soit le niveau le plus faible depuis mai 2020, contre +14 en avril. Le marché n’a pas attendu davantage pour changer de cap avec des taux orientés à la baisse, malgré des banques centrales au discours musclé. L’idée étant que la FED n’irait pas jusqu’au bout de son durcissement monétaire et serait contrainte de faire une pause après sa réunion de juillet. Il en résulte une nette baisse du taux à 2 ans américain, désormais à 2,46% contre un plus haut à 2,85% début mai. Ce mouvement entraîne mécaniquement une légère pentification de la courbe, car le repli est moins marqué sur l’échéance à 10 ans qui se négocie à 2,75%. Les opérateurs pensent également que le pic d’inflation est passé outre-Atlantique, puisque les anticipations d’inflation à 2 ans se sont nettement repliées à 3,88% à 2 ans contre presque 5% fin mars.
Par Arnaud BENOIST-VIDAL, Analyste macroéconomique, Gérant du fonds Arc Actions Santé Innovante.
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