Si le mouvement de hausse des taux pénalise les portefeuilles obligataires, le nouvel environnement inflationniste se montre également défavorable aux marchés actions. Dans ce contexte difficile, la stabilisation récente des rendements souverains et la réouverture du marché primaire redonnent de l’attrait aux marchés obligataires qui ont peut-être mangé leur pain noir. Il existe désormais des alternatives aux actions, à condition de se montrer sélectifs.
Les pressions inflationnistes sont omniprésentes et les signaux de ralentissement de l’activité se multiplient. Les confinements actuels en Chine et la guerre en Ukraine maintiennent la pression sur les cours des matières premières et les perturbations sur les chaînes d’approvisionnement mondiales. Dans cet environnement anxiogène, l’écartement des spreads ainsi que la hausse généralisée des taux continuent de peser sur les portefeuilles obligataires.
Les conséquences sur le marché obligataire se traduisent en premier lieu par un assèchement du marché primaire. En effet, voilà trois mois que le segment du haut rendement est resté complètement fermé sous l’effet du conflit Russo-Ukrainien, des sanctions européennes mais surtout du ton plus agressif des banquiers centraux avec en ligne de mire, une hausse de 50 points de base par la Fed, une réduction des achats par la BCE et une première hausse des taux dès cette année (juillet). Cependant, le risque sous-jacent est de porter atteinte à la croissance économique et de provoquer une récession technique. Ces inquiétudes sur le cycle de croissance ne sont pas cantonnées à l’Europe mais restent bel et bien d’ordre mondial.
En tant qu’investisseur obligataire, l’abondance de liquidités orchestrée par les banques centrales a mis à mal les rendements obligataires les entrainant même en territoire négatif (depuis mars 2019 pour le seul 10 ans allemand suivi en juin de la même année pour le 10 ans français) et impliquant l'absence de concurrence des marchés obligataires.
La stabilisation des taux souverains en Europe offre une fenêtre de tir aux investisseurs
La fin de ces politiques accommodantes et les mouvements de ce début d’année peuvent toutefois amener à douter de l’équation à une inconnue ou de cet acronyme TINA (« There Is No Alternative ») dont sont friands les Anglo-saxons, célèbre expression de Margaret Thatcher et adaptée à la finance pour mettre en évidence l'absence d'alternative et justifier des primes de valorisation sur des actifs plus risqués comme les actions.
La hausse moyenne de plus de 150 points de base (pb) depuis le début de l’année sur les taux souverains de la zone euro couplée à la réouverture du marché primaire est un premier bon signal de consolidation et d’accalmie sur le marché obligataire et offre une première fenêtre de tir. C’est d’autant plus convaincant que les livres d’or sont largement sursouscrits et que les primes se réduisent sur des niveaux normatifs de 30 à 40 points de base.
Dans un scénario de « soft landing » la quote-part des obligations d’entreprises « high yield » commence à présenter davantage de sens dans les portefeuilles avec l’idée que leurs coupons absorbent, en partie, la hausse des taux. En effet, sur des signatures « Single-B » et des maturités comprises entre 3 et 5 ans, on retrouve des rendements avoisinants les 6.5% pour une moyenne cumulée des taux de défaut historique (sur ces mêmes maturités) comprise entre 2.7 et 3.7% (Source S&P). Dans un tel contexte, les fonds de portage comme les fonds à échéances retrouvent, selon nous, un regain d’intérêt.
Une chose est sûre, « there is an Alternative » !
Par David Letellier, directeur général adjoint chez Financière Arbevel
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