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Il aime bien acheter « les choses que les gens n’aiment pas ». Mais l’associé-gérant de Lazard Frères Gestion sait aussi être raisonnable.

Environnement : Certains observateurs anticipent un retour dans la course des marchés émergents, c’est le moment d’y retourner ?

C’est trop tôt selon nous. On aimerait bien y retourner, on a une nature plutôt value et contrariant, on se dit qu’il faut acheter les choses que les gens n’aiment pas. Mais il y a trop d’incertitudes avec Trump, l’ampleur de la guerre commerciale, etc.

Maison : Lazard Frères Gestion, c’est une boutique artisanale ou une grosse machine ?

C’est une boutique artisanale au sein d’un grand groupe d’asset management. Au global, l’activité de gestion pèse 200 milliards d’euros tandis qu’à Paris nous pesons 22 milliards d’euros.

Métier : Renforcement de la réglementation, érosion des marges, le métier de gérant est-il en danger ?

Je ne dirais pas en danger mais il est vrai que le métier est de plus en plus compliqué. Le renforcement de la réglementation nécessite de consacrer plus de moyens à la compliance et au contrôle des risques, et dans le même temps, il y a une pression sur les frais de gestion qui en devient parfois malsaine. On arrive à des situations où seuls les frais comptent, indépendamment de la capacité à générer de la surperformance sur le long terme.

Le développement de la gestion passive, s’il continue à ce rythme pose aussi question. Il ne faut pas oublier que le gérant a un rôle économique à jouer, celui de la bonne allocation du capital. Et par nature la gestion passive ne peut le faire…

Perso : Vous avez plutôt une formation d’ingénieur, si vous n’aviez pas travaillé dans la finance ?

Quand j’ai fait l’ENSAE, ce n’était pas pour aller dans la finance. A l’époque, mon credo était « ni finance ni assurance ». J’étais attiré par les entreprises et leur stratégie ; d’ailleurs ma première lettre de candidature était adressée au Boston Consulting Group.

Mais quand je suis sorti de l’école en 93, on traversait une grosse récession. Alors j’ai pris ce que j’ai trouvé… et je ne le regrette pas : l’univers de la finance est extrêmement riche, il est à la croisée de la vie de l’entreprise, de la sociologie, de la géopolitique et de la macro.