Bruno Vanier, co-fondateur de Gemway AM décrypte pour nous l’impact des trumponomics sur le monde émergent.
Vous rentrez du Mexique, quel est le sentiment général depuis l’élection de Donald Trump ?
Le message des Mexicains reste d’une grande prudence. Nos interlocuteurs sont indéniablement perplexes. La perspective d’une renégociation de l’ALENA (1) et l’instauration d’une taxe à la frontière inquiètent, tout comme la très faible popularité du Président Pena Nieto et la montée du populiste Obrador (élections présidentielles en 2018).
Dans le contexte actuel, les exportations vers les USA (27% du PIB) restent la grande incertitude du moment. N’oublions pas néanmoins que le Mexique achète 26% des exportations américaines et que les exportations mexicaines vers les Etats-Unis « contiennent » 40% d’importations en provenance des US.
Compte tenu des incertitudes, nous restons prudents sur les perspectives du marché à court terme.
Le Mexique serait le secteur à éviter ?
Non, le Mexique représente un formidable potentiel à moyen-long terme. Qui plus est, l’ALENA est un gros succès d’intégration économique. Le remettre en cause aurait évidemment des implications négatives pour les 3 pays et notamment pour le consommateur américain, ce dont D. Trump devra tenir compte à un moment donné.
Quel est l’impact d’une politique américaine protectionniste sur les émergents ?
La menace isolationniste est plutôt négative pour l’ensemble du monde émergent mais elle est contrebalancée par un retour en arrière qui ne parait pas aussi simple à mettre en œuvre. (2)
Les pays les plus touchés seront le Mexique, indéniablement, et les plus petits pays comme la Thaïlande.
La chine ne serait pas touchée : il y a peu d’exportateurs chinois cotés en bourse et les moteurs de croissance chinois sont vraiment domestiques. (3)
Que fait un "gérant émergents" dans ce contexte ?
Il y a toujours des opportunités ! On regarde les histoires locales. En Chine par exemple, on va sur le secteur internet ou sur celui de l’assurance vie (4), mais les titres des sociétés exportatrices sont exclus.
En outre, et globalement, l’environnement macro-économique n’est pas si mauvais : l’Inde accélère et la Russie retrouve une croissance positive.
En somme, par rapport à ce risque isolationniste mondiale, quand le commerce devient plus compliqué on revient sur des histoires plus locales. Il en existe en Chine, Inde, Argentine, Brésil et Russie.
EF/EV
Voir aussi
- ALENA Accord de Libre Echange Nord Américain en vigueur depuis 94 conclut entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.
- Par exemple, la remise en cause de l’accord impliquerait d’instaurer des taxes aux frontières. Or compte tenu de la chaine technologique (allés et retours de divers produits industriels nécessaires au produit final au-delà des frontières et ce, jusqu’à l’obtention du produit fini), il y aurait une superposition de taxes au détriment du Mexique et des Américains).
- Les exportations chinoises vers les Etats-Unis représentent 5% du PIB chinois et a comme autre gros partenaire l’Europe.
- En raison des taux qui sont à la hausse.