Édito :
On ne peut pas dire que cela va très fort de l'autre côté du Rhin. Depuis quelques temps maintenant l'Allemagne prend des airs d'Ehpad économique. L'historique moteur de la croissance européenne aurait-il coulé une bielle ? Pour être plus exact, la "Merco" serait plutôt en panne sèche de carburant conjoncturel. PMI composite à 45,9 en octobre, production industrielle en baisse de 1,4 % sur un mois (et de 3,86 % sur un an). La croissance s'y inscrit en recul de 0,1 % sur le troisième trimestre et devrait, au final, se contracter de 0,4 % sur 2023. Et même si, en termes de PIB par habitant, l'économie allemande a dernièrement soufflé la troisième place mondiale au Japon, elle devrait être l'une des seules développées à se gripper cette année. Bref, Berlin ne répond plus. Et elle paraît loin, désormais, l’époque bénie où dame Merkel, concessionnaire en chef, vendait ses berlines de luxe quatre coins d'un marché mondial globalisé comme jamais. Le graph. de la semaine :
Hausse des taux, inflation, coûts de l'énergie qui pèsent sur son industrie mal en point… Si l'économie allemande ressemble à un décor de The Walking Dead, c'est avant tout en raison d'un mauvais karma cyclique. Sur un échiquier géo-politico-économique mondial éclaté façon puzzle, il ne fait pas bon être une puissance industrielle exportatrice. La Chine peut confirmer. Parallèlement, à trop surfer depuis vingt ans sur la vague de la mondialisation, l’Allemagne en a oublié de se réinventer économiquement. Il peut en effet être reproché à Sainte Angela de ne pas avoir vu plus loin que le bout de sa frange. De ne pas avoir entrepris les réformes indispensables, réalisé les investissements nécessaires pour mettre son pays sur les rails du renouveau. Résultats, aujourd’hui en carence de travailleurs qualifiés, l'Allemagne est complètement larguée dans des secteurs d'avenir comme le numérique ou l’IA. Faute de mettre son pays sur une nouvelle orbite économique, Olaf Scholz s'attache à des plans d'aide (bouclier énergétique de 12 milliards, allègements fiscaux de 50 milliards sur quatre ans) pour freiner les délocalisations. Autant de rustines sur une jante crevée qui en disent long sur l'impasse dans laquelle se trouve l'Allemagne. Et, au-delà, l'Europe.